Shiki Fūjin Majordome Sombre
Messages : 775 Date d'inscription : 21/02/2012 Age : 28 Localisation : Si près... mais tellement loin
| Sujet: Yūrei ~ Âme sombre Sam 1 Sep - 5:24 | |
| On va encore parler de folklore avec cette fois-ci les Yūrei (幽霊), ils s’agit de fantômes et de spectres, qui nourrissent les légendes depuis plusieurs siècles sur l’archipel japonais. Les deux kanjis ‘‘yuu’’ et ‘‘rei’’ signifient respectivement ‘‘sombre’’ et ‘‘âme’’ ou ‘‘esprit’’. Mais il arrive que l’on parle d’eux en employant les mots borei (亡霊), signifiant ‘‘esprit trépassé’’, ou shiryo (死霊) autrement dit ‘‘esprit mort’’.
Ces spectres très populaires pourraient être apparentés aux fantômes occidentaux. En effet, à l’image de nos croyances, les yūrei existent dès lors où l’âme (reikon : 霊魂), n’arrive pas à trouver le repos et commence à errer dans le monde des vivants, il n’a alors de cesse de causer des tourments aux humains. On dénombre trois raisons à leur existence. Tout d’abord cela peut être à cause des funérailles, ce sont grâce à elles que le reikon trouve la paix, et, il suffit qu’elles soient effectuées d’une manière incorrecte, ou alors qu’elles ne soient même pas réalisées. Il peut aussi arriver que la personne meure violemment (suicide, accident, meurtre). Enfin le dernier des cas, c’est lorsque quelqu’un trouve la mort en étant animé de sentiments très puissants (haine, souffrance, désespoir, peur, amour). Un yūrei s’attache fortement dans la plupart des cas à un lieu particulier, ou bien à une personne spécifique. Il peut s’agir du lieu dans lequel il a trouvé la mort, de l’endroit où son corps est enterré, de l’époux, amant, ou encore du meurtrier. La créature n’a alors de cesse de hanter ce à quoi elle s’est attaché, comme lieu hanté connu au Japon, il y a la forêt d'Aokigahara, au pied du mont Fuji (lieu où se sont déroulés et où l’on voit encore de nombreux suicides).
Ils se différencient en cinq grands types distincts. Tout d’abord les onryo (怨霊), ces fantômes sont pleinement voués à la vengeance. Dans presque tous les cas il s’agit de femmes, qui de leur vivant ont été trompées, violentées, maltraitées par les hommes. Elles les font alors souffrir avant de les tuer. Les yūrei que l’on retrouve dans les films d’épouvante japonais sont essentiellement des onryo. Les ubume (産女), sont elles aussi des femmes, décédées durant leur grossesse, ou lorsque leur enfant était encore petit. Les goryō (御霊), quant à eux, sont des spectres de personnes nobles, comme les samouraï, les chefs de clans, ou encore les grands seigneurs. Cette croyance date de la période Heian, où l’on attribuait certains tremblements de terre, typhons et sécheresses aux vengeances des goryō. Ensuite, il y a les funayurei (船幽霊), des esprits de personnes mortes en pleine mer. Ils s’acharnent à remplir d’eau les bateaux, voguant sur les mers dans lesquelles les funayurei ont trouvé la mort, afin de les faire couler. Enfin, les zashiki-warashi (座敷童/座敷童 子) sont des enfants malicieux et moins dangereux. Parmi les yūrei, on trouve encore d’autres créatures humanoïdes, l'umibōzu, la kuchisake-onna, la rokurokubi et la futakuchi-onna.
Rokurokubi Si l’on veut faire disparaître un yūrei, il n’y a pas d’autre choix que de lui apporter le repos. Cela peut être réalisé par sa famille, en accomplissant les funérailles de manière décente, en apaisant les sentiments qui le tourmentent, ou bien en l’aidant à exécuter sa vengeance. Toutefois, dans les cas les plus extrêmes, le yūrei ne peut pas être soulagé, les tourments qui l’assaillent sont très puissants. On fait alors appel à un exorciste, un prêtre bouddhiste, un ascète ou un miko (巫女, ‘‘médium’’). Comme pour la plupart des créatures malfaisantes du folklore, les ofuda (御札), talismans religieux, sont efficaces pour les repousser ; en plaçant un ofuda sur le front d’un yūrei il est neutralisé.
Chaque année en juillet se tient le festival d’Obon, lors de celui-ci les âmes défuntes sont apaisées, on rend hommage aux ancêtres. Il est raconté que les esprits reviennent alors dans le monde, pour rendre visite à leur famille. On célèbre également le jour des fantômes (yūrei no hi) le 7 juillet. C’est en effet ce jour là en 1825 que s’est déroulée l’une des histoires de fantôme les plus populaires de l’archipel, il s’agit de la pièce de théâtre Tokkaidō yotsuya kaidan (détaillée plus bas).
Leur popularité croissante débute au XVIIème siècle (fin de l’ère Edo) avec tout d’abord le jeu hyakumonogatari kaidankai, très apprécié des habitants. Depuis et particulièrement aux théâtres Kabuki et Nō, ils sont de plus en plus représentés dans les arts. On trouve de nombreuses histoires de fantômes traditionnels, les écrivains s’inspirent alors du folklore chinois, comme Ueda Akinari. Son Ugetsu Monogatari (雨月物語), écrit en 1776 est très célèbre, traduit par ‘‘Les Contes de la lune vague après la pluie’’. On trouve également quelques légendes faisant référence aux yūrei. Le Yotsuya Kaidan (四谷怪談) relate la mort d’une femme nommée Oiwa. Le meurtre est dû à Iemon son mari samouraï, qui avant de commettre cet acte l’a également défigurée. Son but était de pouvoir ainsi se remarier avec une jeune femme, seulement cette action cruelle entraîne alors la création du yūrei revenant le hanter. Iemon devient fou, il en vient à massacrer sa nouvelle épouse ainsi que toute sa belle-famille, ce n’est que lors de la mort du samouraï que la défunte est enfin délivrée, après avoir passé son temps à lui causer les pires tourments.
Oiwa Le Banchō Sarayashiki (番町皿屋敷) c’est l’histoire d’une servante au service de Shuzen, un samouraï d’une cruauté qui n’égalait que sa violence. Pour son plus grand malheur, Okiku brise un jour une assiette rarissime dans une collection de dix pièces. Son maître, envahi par la rage, en vient à la ligoter dans un placard. Tous les jours il lui coupe un doigt, la pauvre fille agonisante réussit quand même à s’échapper, puis elle va se noyer dans le puits du jardin. Depuis ce jour, le fantôme s’élève du puits chaque nuit, compte jusqu’à neuf, puis éclate en sanglot jusqu’à rendre Shuzen complètement fou. On raconte que ce même puits dans le château d’Himeji est de nos jours encore hanté par le yūrei d'Okiku.
Okiku Le Botan Dōrō (牡丹燈籠) est une légende tirant ses origines de Chine. Cela se passe durant la première nuit de Obon, un samouraï, Ogiwara, tombe instantanément sous le charme d’une mystérieuse inconnue, nommée Otsuyu. Il lui promet son amour éternel, et chaque nuit il a des relations avec cette femme, qui disparaît avant l’aube, pour ne revenir qu’après le crépuscule. Un vieil homme du voisinage, suspicieux, décide de les espionner et trouve le samouraï en compagnie... d’un squelette. Il convoque immédiatement un prêtre bouddhiste qui pour protéger Ogiwara, va placer des ofuda autour de sa maison. Le yūrei se met alors à l’appeler de l’extérieur, suppliant qu’il la rejoigne. Il finit par céder, incapable de lui résister, ce n’est qu’au lever du jour, dans la tombe d’un temple, que son cadavre est retrouvé, enlaçant le squelette d’une dernière étreinte... Parmi les nombreuses représentations des artistes peintres et dessinateurs, celle qui a le plus servi en tant que référence est ‘‘le fantôme d’Oyuki’’ la célèbre peinture de Maruyama Okyo. Peinte en 1750, elle a grandement inspiré les artistes du XVIIIème et XIXème siècle.
Leur apparence était à l’origine celle d’êtres humains ordinaires, mais au fil du temps et principalement à cause du théâtre et de la peinture, leur forme a radicalement changée. Le besoin des artistes et acteurs se fit ressentir de représenter les yūrei de manière à les différencier des vivants. Des caractéristiques particulières leur ont alors été conférées à partir du XVIIIème siècle, ils ont acquis avec le temps une allure bien plus effrayante. Vêtu d’un kimono blanc, couleur de la pureté réservée aux morts pour les funérailles, le yūrei arbore un teint blafard, d’une pâleur tirant sur le bleu. Lorsqu’il s’agit d’une femme, elle a toujours de longs cheveux noirs, la plupart du temps en désordre, mal coiffés. Les bras du yūrei pendent mollement vers le sol, il n’a pas de jambes (ce trait de description provient sans aucun doute d’une gravure de Jōruri intitulée Kazaninkisakiarasohi, ce qui remonte en 1673 et, on les représente généralement comme cela depuis lors). Sur le front spectral, il peut y avoir un talisman de papier repoussant les mauvais esprits (hitaikakushi 額隠). Celui-ci est triangulaire, et maintenu au front par une cordelette. Le yūrei est quelquefois accompagné de hitodama, qui flottent tout autour (flammèches ou boules de feu bleues représentant l'âme d'une personne morte).
Actuellement les yūrei sont stéréotypés comme étant dans la majorité des cas des femmes. En effet, la cause est la prédominance des onryo dans les légendes traditionnelles. Les représentations artistiques en ont fortement été influencées, et les films d’horreur modernes ont fini de répandre dans la société l’image de yūrei féminins.
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Kuroneko Gokou Ruri Mangeur de Sushis
Messages : 181 Date d'inscription : 18/06/2011 Age : 26 Localisation : En nuit de pleine lune..je serais là..
| Sujet: Re: Yūrei ~ Âme sombre Sam 1 Sep - 14:50 | |
| Purée comme je kiiiiiffe!! J'était à fond sur les histoires, je voudrais toute les connaitres tellement.~ Bref encore un superbe sujet. Arigatô Shiki-shiki. | |
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Shiki Fūjin Majordome Sombre
Messages : 775 Date d'inscription : 21/02/2012 Age : 28 Localisation : Si près... mais tellement loin
| Sujet: Re: Yūrei ~ Âme sombre Sam 1 Sep - 15:13 | |
| De rien je savais que ça allait te plaire j'ai prit beaucoup de plaisir moi aussi à trouver les histoires mais le problème c'est que sur les sites en français on les trouve incomplètes et les traductions sont parfois fausses alors j'ai dû aller voir en anglais. Déjà rien que sur Wikipédia la partie anglaise est bien plus développée. Ça me fait plaisir que tu trouves le sujet super, j'essaye d'y mettre tout mon cœur et de donner envie de lire ^^. J'ai toujours aimé les histoires tristes ou qui font peur | |
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